#StopLoiSecuriteGlobale

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Texte lu lors du rassemblement par Dominique Brunel, président de la section quimpéroise de la LDH.

« Mesdames, Messieurs,

Au nom de la LDH, je vous remercie de votre présence qui nous va droit au cœur.
Je remercie les élus, les associations, les syndicats, les partis politiques, la presse, leurs syndicats, les médias, les citoyennes et citoyens, qui ont soutenus cet appel au rassemblement contre la loi sécurité globale.

Mesdames, Messieurs,
Je vous propose de saluer ces anonymes « lanceurs d’alerte » qui prennent des images pour dénoncer les injustices,
Je nous propose de saluer les médias, la presse, les syndicats de la presse, ces journalistes engagés qui défendent nos libertés.

Je vous propose de leur rendre hommage maintenant par des applaudissement nourris et chaleureux.

La loi « sécurité globale », posons le cadre !
Qui est à l’origine de cette proposition de loi ?

Sur proposition de deux députés de la majorité gouvernementale, La loi « sécurité globale » a été présentée par Gérald Darmanin au nom du gouvernement.
Celui-ci a introduit, dans la proposition de la loi Sécurité globale, de nouvelles dispositions pour répondre aux pressions de certaines forces de sécurité, et notamment aux récriminations des syndicats policiers, reçus le 15 octobre par Emmanuel Macron.

Si nous rendons hommage à des hommes comme le Colonel Beltrame, au courage des policiers intervenus au Bataclan, à Nice, pour ne relater ici que quelques-unes des horreurs connues.
Si nous saluons et sommes reconnaissants de ces agents de la police du quotidien qui font un métier difficile, pour autant, nous ne pouvons accepter, et, par respect pour eux, que des comportements répréhensibles de quelques-uns ne soient pas toujours sanctionnés.
Il a fallu que des images inimaginables soient prises et diffusées par les citoyens et la presse pour que la police des polices se saisissent, enfin, de violences inacceptables, de quelques agents des forces de police, à l’encontre de manifestants.

En 2019, Il y a eu 1 460 enquêtes (+ 23,7% par rapport à 2018) dont 868 pour violences volontaires soit + de 41% par rapport à 2018
Sources ONDRP-IGPN-Télégramme du 23.11.20.
Si le besoin de sécurité des agents de police et de leur famille est légitime, nous savons aussi que dans le code pénal actuel 9 délits sont susceptibles de réprimer les faits visés.

Pourquoi ne pas commencer par les appliquer ?
Il est inacceptable que le gouvernement et les organisations policières trouvent des compromis entre eux sans se préoccuper des attentes et du ressenti de la population concernée.

Le peuple manifeste pour différentes raisons mais principalement parce qu’il veut pouvoir vivre dignement, avoir un travail avec des revenus suffisants, ne pas être inquiet du lendemain, ne plus subir la pauvreté. Les citoyens, tout comme nous, sont sensibles à l’injustice sociale, aux inégalités de revenus, aux inégalités devant l’impôt qui permettent aux plus riches d’y échapper en grande partie, aux discriminations en tout genre.
C’est tout cela qui abime la république et provoque les déchirures de notre société. Avec un Etat autoritaire quand l’Etat de droit devient un Etat policier, on en revient à criminaliser les mobilisations de la société. C’est aux injustices qu’il convient de s’attaquer et pas aux libertés de chacun ce qui n’apportera aucune réponse aux revendications des policiers à plus de sécurité pour eux et leurs familles et qui sont légitimes.

L’article 24 de la loi de sécurité ne rend pas hommage à ces agents dévoués des forces de police à la république et à ses valeurs « liberté-Egalité-Fraternité ».
L’article 24 ne prend pas en compte les agents des forces de l’ordre qui luttent, en interne, contre ces pratiques violentes à l’initiative de certains, des propos et des actes racistes, xénophobes, des discriminations. Qu’ils sachent que nous sommes là à leur côté.
Difficile pour eux de dénoncer ces choses-là d’autant que quand ils sont en opération avec cela qui demande de la cohésion du groupe.
Par cet article 24, le président de la République met un sérieux coup de canif dans le vote des électeurs à la présidentielle. Rappelez-vous !  Macron et ses valeurs, contre, Marine Le Pen et les siennes. L’électeur jugera !
L’idéologie portée par l’extrême droite est une hydre qui se régénère sans cesse dans les théories du complot, le mensonge, la désinformation, le conflit, la haine, la violence.
La course est perdue d’avance car c’est une surenchère perpétuelle.
On ne fait pas de compromis avec cette idéologie là en croyant gagner des électeurs.

On la combat par l’intelligence du cœur.

Que s’est-il passé ce mardi 25 novembre 2020 ?

Une journée bien sombre ! L’Assemblée nationale a voté la loi sécurité globale et notamment l’article 24 par 388 pour sur 558 votants, 104 voix contre et 66 abstentions.

Cet article 24, est l’une des mesures la plus dangereuse et inacceptable de cette proposition de loi car elle vient modifier la loi de 1881 sur la liberté de la presse.

Cet article 24 prévoit de pénaliser d’un an de prison et de 45 000 euros d’amende la diffusion de l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un policier ou d’un gendarme en intervention, lorsque celle-ci « a pour but manifeste de porter atteinte à son intégrité physique ou psychique ».

 Or, actuellement, les policiers ne peuvent pas s’opposer à être filmés sur la voie publique », comme c’est écrit noir sur blanc dans la circulaire du 23 décembre 2008.

Ainsi, de nombreux vidéastes, qu’ils soient professionnels ou amateurs, ont pu documenter les violences policières par ce moyen.

De fait, depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », quand une vidéo massivement diffusée dans les médias et sur les réseaux sociaux suggère un usage illégitime de la force, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) est bien souvent saisie et encore !
Les vidéos ont permis de dénoncer les abus et de faire la lumière sur ces affaires.

Avec ce vote, la majorité balaye d’un revers de main les critiques et les inquiétudes venues, si nombreuses ces derniers jours notamment par la Ligue des droits de l’Homme, de la Défenseure des droits, des sociétés de journalistes de nombreux médias, des défenseurs des libertés publiques, journalistes, cinéastes, ONG, et même des experts de l’ONU qui redoutent des atteintes importantes aux libertés fondamentales ».

Que dire de cette tentative à faire accréditer les journalistes par la Préfecture avant toute manifestation ? Comment osez tenter cela ? Idem pour le floutage des visages des forces de polices ?  Ces mesures suite aux nombreuses réactions ont été retirées depuis.

Avec cette loi, un droit est donné à la police sur le terrain d’empêcher qu’elle soit filmée.

Il sera difficile désormais de faire connaitre des affaires comme celle d’Alexandre Benalla, Cédric Chouviat, Remy Fraysse, Geneviève Legay, Adama Traoré, Max Baré que nous connaissons, blessé au visage lors d’une manifestation sur Quimper.
Ces vidéos filmées par des citoyens ont contribué à l’éclosion de la vérité.

C’est aussi grâce à ces vidéos que nous avons connaissance de la manière violente, injustifiée, dont les forces de l’ordre ont chargé les migrants dans leurs tentes de fortune , ce lundi 24 novembre 2020 vers 20h, place de la république

Les images douloureuses qui circulent parlent d’elles-mêmes tant elles sont insoutenables. Comment peut-on en arriver là ? Doit-on accepter cela ?

Ce nouveau « délit» de l’article 24 qui fragilise la loi 1881 sur la liberté de la presse renforcera ces comportements inqualifiables des forces de l’ordre. Il permettra d’interpeller tout journaliste qui filme en direct une opération de police, de le placer en garde à vue en saisissant son matériel et de l’envoyer devant un tribunal », seul à même de déterminer si l’intention malveillante est établie mais bien évidement l’événement sera passé.

Si ces textes sont adoptés à la fin de la navette parlementaire, le règne de l’arbitraire s’installera notamment par l’absence voulue de contre-pouvoirs réels et efficaces.

En effet, nous connaissons les moyens insuffisants accordés à la Justice pour défendre nos libertés dans de bonnes conditions. Dans le même temps, ce gouvernement met volontairement hors-jeu le citoyen concerné par cette loi.

Nous allons rappeler à ce gouvernement que ce n’est pas si simple à réaliser !

La loi Sécurité globale va bien au-delà de l’article 24 évoquée

 Il serait trop long d’évoquer ici les autres articles mais je vous invite à les découvrir. C’est inquiétant comme l’usage des drones afin de constater des infractions qui entraîner une capacité de surveillance généralisée de l’espace public et un effet coercitif sur la liberté d’expression et de manifestation, et ce, sans qu’un seul contre-pouvoir citoyen soit mis en place à son profit.

Ce texte de loi peut-il encore changer avant d’être promulgué ?

Après la navette parlementaire, le Conseil constitutionnel sera saisi.  Il faut espérer que devant les Sages, cet article 24 soit retoqué.

Que faire maintenant ?

  • Plus que jamais nous devons refuser le piège qui nous est tendu celui de la peur, de la paralysie, de ne plus penser, de ne plus agir, d’être tétanisé.e.
  • Plus que jamais, il nous faut continuer à mobiliser notre intelligence pour faire annuler cette loi ou a minima, pour que soit rejeté, cet article 24.

Ne pas hésiter à continuer à interpeller nos parlementaires, Député.e.s et Sénateurs.ces, alerter les réseaux sociaux, signer les pétitions, écrivez.

Plus que jamais nous devons continuer ce combat au sein de nos associations, syndicats, partis politiques, réseaux sociaux, pour faire bouger les lignes, convaincre.

Plus que jamais la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen (LDH) a besoin de vous pour une société plus juste et plus démocratique.

Les défis à relever sont nombreux mais nous saurons y faire face et répondre présents.

Que pouvons-nous faire, ici, maintenant, sur cette place ?

Faisons un geste symbolique incroyablement dangereux : sortons notre arme si redoutée, sortons notre arme si redoutable !
Vous avez sans doute toutes et tous deviné ?  Eh bien ! Sortons nos smartphones !
Fouillez vos poches ! Fouillez votre sac ! Fouilliez votre manteau ! Et brandissez-le : « osez » votre Smartphone. Allumez-le !
Brandissez le bien haut ! Faites de ce compagnon un objet de la paix mais aussi un ami redoutable pour la défense de votre liberté.

Que pouvons faire ici, de suite, sur cette place avec cet ami ?

Un pied de nez ! Un magnifique pied de nez à la tentative de nous anesthésier par la peur !
Prenez une photo de cette manifestation comme un engagement solennel !
Prenez cette photo et diffusez là sur votre réseau pour dire non à la loi sécurité globale et non à son article 24.
Faites de cette photo un message de courage et d’espoir pour faire briller les lumières de la liberté. Faites briller les lumières de la Liberté !

Il me faut terminer mon propos pour ne pas abuser de votre patience déjà mise à l’épreuve.

Mes derniers mots s’adressent à vous sur cette place ce soir. Ces derniers mots pour saluer votre présence rassurante et combative !

Mesdames, Messieurs,
Dans la langue Bretonne que nous chérissons
Trugarez d’an holl «  Merci à toutes et tous ! »
Merci de votre attention. »

Revue de presse :

LE TELEGRAMME : À Quimper, « sortons notre arme si redoutée, sortons nos smartphones »

LE TELEGRAMME : À Quimper, ils dénoncent le projet de loi « Sécurité globale »

LE TELEGRAMME : « Il faut laisser les journalistes travailler en toute liberté ! »

OUEST-FRANCE – À Quimper, plus de 1 000 personnes se rassemblent contre la loi de sécurité globale

Hit-West – La loi « sécurité globale » passe mal

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