LETTRE OUVERTE DE POSITIONNEMENT SUR LE SERVICE NATIONAL UNIVERSEL (SNU) ET SES CONDITIONS DE GÉNÉRALISATION

Lettre ouverte commune signée par la LDH et adressée au président de la République, Emmanuel Macron 

Monsieur le Président de la République,

Nous avions sollicité une audience relative au Service national universel (SNU), en novembre 2022. Notre demande d’entrevue étant restée sans suite, nous vous adressons cette lettre ouverte pour faire connaître notre positionnement sur le SNU et ses conditions de généralisation.

Lors de vos vœux adressés à la Nation vous avez annoncé « poser les premiers jalons du Service national universel ». La forme actuelle du dispositif veut mobiliser les jeunesses face à une nation supposée en danger avec la possibilité de formater, contrôler et militariser les jeunes. Attachées à la philosophie et aux pratiques de l’éducation populaire, les organisations signataires refusent toute forme descendante et autoritaire de pédagogies et de dispositifs qui contredisent une volonté émancipatrice et responsable.

Nous considérons que l’engagement doit rester entièrement choisi. Ceci pour garantir un égal accès à l’insertion dans la vie sociale pour tous les jeunes et un engagement citoyen qui ne soit pas soumis à une contrainte.

D’autre part, à l’heure où l’on manque d’animateur-ices pour permettre aux enfants de partir en accueil de loisirs et colonies de vacances, nous ne pouvons pas créer une concurrence avec le dispositif SNU.

Par ailleurs, à travers notre proposition « Jeunesse citoyenneté émancipation », nous souhaitons sortir de l’éparpillement des dispositifs, pour aller vers une politique de jeunesse transversale, ambitieuse et émancipatrice. Nous préférons que le budget alloué au SNU soit réorienté vers des propositions d’engagements citoyens dont certains sont déjà portés par nos structures, et qu’elles puissent s’organiser sous une forme de « parcours citoyen », parcours dans lequel se retrouveraient des engagements dans et hors de l’école (élève délégué, service civique, Bafa…)

De plus, depuis sa mise en œuvre, les jeunes représenté-es par les organisations de jeunesses n’ont pas directement été consultés sur le dispositif. Les premiers concerné-es par une politique publique d’ampleur telle le Service national universel ont pourtant des propositions pertinentes à faire.

Nous restons à votre disposition pour vous les présenter dans le détail. 

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de nos salutations respectueuses.

Les organisations signataires « Jeunesses citoyenneté émancipation » :

Françoise Sturbaut, présidente de la Ligue de l’Enseignement ; Nelly Vallance, présidente du Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne ; Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Anne-Marie Harster, Présidente de Solidarité Laïque ; Ephram Strzalka-Beloeil, coresponsable du Forum Français de la Jeunesse ; Noélie Henry, présidente des Eclaireuses Eclaireurs de France ; Tarik Touahria, président de la Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France ; Elsa Dahan, présidente de l’association ConcordiaYann Renault, Arnaud Tiercelin, Lucie Bozonnet, co-président-es du CNAJEP ; Chloé Corvée, présidente de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne ; Frédéric Marchand, secrétaire général de l’UNSA Education ; Christian Eyschen, secrétaire général de la Libre Pensée ; Philippe Mérieu, président des CEMEA ; Christophe Gaydier, président d’Animafac ; Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF ; Etienne Matignon, président de la FAGE ; Nathalie Monteiro et Véronique Marchand, co-présidentes de la Confédération Nationale des Foyers Ruraux ; Suzanne Chevrel, présidente des Eclaireuses et Eclaireurs Unionistes de France

Paris le 18 janvier 2023

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Lettre ouverte à Monsieur le préfet du Finistère

 Monsieur le Préfet, 

Quand vous avez pris vos fonctions dans notre département, en 2016, vous avez déclaré à la presse que, concernant l’accueil des migrants, il fallait agir avec « fermeté et humanité ». 

De cette déclaration il ne reste plus que « fermeté » synonyme en l’occurrence d’expulsions et de non-accueil. L’humanité est indispensable, et il nous semble à nous, associations qui venons en aide aux étrangers, que ce deuxième engagement a été oublié. 

Où est l’humanité quand vous organisez l’expulsion d’Habibata, ivoirienne de 28 ans et de son bébé de 7 mois qui est né à Kemper ? Mariée de force dans son pays, elle a fui avec sa cousine enceinte comme elle vers l’Algérie puis la Libye où elle a été emprisonnée 4 mois. Après être passées par l’Italie, elles ont toutes deux déposé une demande d’asile en France le 19 juin 2018. Alors que la demande de sa cousine a été acceptée, vous avez enclenché une procédure d’expulsion vers l’Italie pour Habibata, qui doit pourtant se faire opérer de la hanche le 3 décembre 2018. 

Où est l’humanité quand vous organisez l’expulsion de Rassoul, 22 ans, qui vient de Tchétchènie ? Il est arrivé fin 2017 à Kemper où il a rejoint son frère qui y vit et y travaille depuis quelques années. Son frère est la seule famille qui lui reste. Il a pu quitter son pays grâce à un visa obtenu à l’ambassade d’Italie en Russie. Quand on fuit une situation dangereuse, il est permis de saisir une opportunité qui se présente, car la France ne délivre pas aussi facilement un visa là-bas. Sa demande d’asile a été rejetée, il a été assigné à résidence, mais il ne pouvait pas aller en Italie avec le billet d’avion de la préfecture : il n’y est jamais allé, n’y connaît personne alors que sa seule famille est à Kemper. 

Où est l’humanité quand vous organisez l’expulsion de Mukhammad, tchétchène lui aussi, arrivé à Kemper fin 2017, et scolarisé au lycée Thépot ? Il est soutenu par ses professeurs et camarades de classe qui ne comprennent pas qu’il ne puisse pas continuer ses études avec eux. C’est un élève doué, disent ses profs. Il parle le français. C’est un exemple d’intégration. Et pourtant, lui aussi a été assigné à résidence en vue de son expulsion. Lui aussi est sommé de prendre un avion vers l’Italie où il n’est jamais allé non plus. 

Si vous expulsez Habibata et son bébé en Italie, vous la privez de soins indispensables. 

Si vous expulsez Rassoul en Italie, vous séparez une fratrie. 

Si vous expulsez Mukhammad en Italie, vous l’empêchez de continuer sa scolarité. 

Ce ne sont que trois exemples parmi des dizaines d’autres. Nous attirons votre attention une nouvelle fois sur l’article 17 du règlement Dublin qui permet d’étudier aussi des demandes d’asile pour des raisons humanitaires. Or nous le constatons, vous appliquez ce règlement dans sa composante la plus restrictive, sans jamais prendre en compte les situations humanitaires de ces personnes. 

Vous étiez présent à Kemper pour le discours de M. Macron, quand il a dit que l’Italie était un des pays européens qui « trahissait l’asile ». Quelques jours plus tôt il avait déclaré que l’Italie faisait preuve de « Cynisme et irresponsabilité » dans l’accueil des réfugiés. Comment justifier alors de continuer à organiser des expulsions des demandeurs d’asile vers ce pays ? 

Monsieur le Préfet, nous vous demandons de respecter vos engagements d’humanité, nous sollicitons votre bienveillance pour réétudier les situations des personnes citées dans ce courrier. 

Nous renouvelons notre demande d’une rencontre entre des représentants de nos associations de solidarité et le service de la Préfecture. Ces rencontres ont déjà existé dans ce Département où nous avons le sens de la responsabilité dans des affaires complexes. 

Nombreuses furent les sollicitations pour réactiver ce dispositif de concertation, demandes où nous n’avons toujours pas eu de réponse. 

Dans cette attente, veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de notre haute considération. 

Copie de ce courrier est adressée à : 

Michèle KIRRY, préfet de Bretagne 

Christophe CASTANER, ministre de l’intérieur 

Edouard PHILIPPE, premier ministre 

Emmanuel MACRON, président de la République 

Listes associations signataires :
Droit d’asile Quimper Cornouaille, LDH Quimper et Concarneau, Accueil des réfugiés dans le Cap, Accueil Migrants Pays bigouden, Fraternité Quimper et Douarnenez, Cimade, Génération.s, Ensemble, FSU, PCF, NPA, UDB, EELV, CNT, Solidaires

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La LDH Quimper appelle à se joindre au rassemblement citoyen organisé par SOS MEDITERRANÉE

Il y a quelques jours, l’Aquarius a permis une nouvelle fois à des hommes, femmes et enfants, de ne pas mourir en mer. L’Aquarius opère en Méditerranée centrale depuis 31 mois, et a secouru 29.523 personnes lors de 230 opérations de sauvetage. Pour autant, à ce jour l’Aquarius n’est pas assuré de pouvoir continuer sa mission de sauvetage, ce qui est inacceptable.

SOS Méditerranée appelle à une mobilisation citoyenne le 6 octobre, partout en Europe.

A Quimper ce sera place Terre Au Duc, à partir de 14h30, nous appelons tous nos adhérents, sympathisants et tous les citoyens attachés aux valeurs humanitaires de l’Europe, à rejoindre ce rassemblement, à titre individuel.

Une pétition est également disponible.

Personne ne part en exil pour rechercher un peu plus de confort. Ces personnes ont déjà traversé des épreuves immenses, sont passées par la Libye, certaines ont été emprisonnées, violées, ont été vendues comme esclaves. Puis elles ont pris la mer, sur des embarcations précaires, victimes de passeurs sans scrupules. Selon l’IOM, depuis janvier 2018 il y a eu 1 741 morts en mer en Méditerranée.

Comme le rappelle le Haut-Commissariat aux Réfugiés, « une personne sur 18 tentant la traversée par la Méditerranée centrale meurt ou disparaît en mer, tandis que c’était une personne sur 42 au cours de la même période de 2017 ».

Ce mardi 2 octobre, 34 personnes ont encore trouvé la mort dans l’Ouest de la Méditerranée.

Cette situation est indigne, nous appelons à une prise de conscience rapide sur la responsabilité de l’Europe dans ce drame humanitaire qui se joue.

Les pays européens doivent assumer leurs responsabilités en établissant un modèle de sauvetage européen pérenne, assurer un mécanisme de débarquement des rescapés dans un port sûr.

Nous tenons aussi à rétablir plusieurs vérités :

En 1951, la France a signé la convention de Genève relative au statut de réfugié, la France s’est engagée à accorder une protection aux personnes étrangères qui craignent la persécution. En 2018 il y a des hommes, des femmes et des enfants qui demandent à la France et à l’Europe de leur accorder une protection, et la France et l’Europe les laissent mourir en mer avant même d’étudier leur demande. La France ne respecte plus la convention qu’elle a signée. Il y a eu plus de 5000 morts en Méditerranée en 2016, plus de 3000 en 2917, et déjà plus de 1700 cette année.

Une étude de l’Union Européenne l’a démontré(e), 90% des personnes qui ont obtenu une protection sont entrées illégalement en Europe. Pas par choix, mais parce que l’Europe refuse encore et toujours d’ouvrir des voies légales d’immigration, forçant ainsi ces personnes à prendre des voies de plus en plus dangereuses.

Cette année, 1 personne sur 18 meurt pendant la traversée, selon le HCR. C’est le résultat du durcissement de la politique européenne, qui entrave les missions des bateaux des ONG.

Ceux qui font le jeu des passeurs, ce ne sont pas les ONG, mais les états qui refusent d’ouvrir des voies légales d’immigration.

 NON, la France n’est pas « submergée », et n’est pas le 2epays d’accueil des demandeurs d’asile en Europe, malgré ce qu’on tente de nous faire croire.

Les chiffres, eux, ne mentent pas. Les statistiques européennes officielles montrent que la France n’est qu’en 13e position en termes de nombre de demandes d’asile accordées, relatives au nombre d’habitants(source).

NON, il n’y a pas 90% de migrants économiques. Les statistiques européennes indiquent que 46% des demandes d’asiles obtiennent une réponse positive, ce qui indique que 46% des demandeurs ont PROUVÉ que leur vie était menacée en cas de retour dans leur pays. Ce qui ne veut pas dire que ça n’était pas le cas pour les autres, mais juste qu’ils n’ont pas pu en apporter les preuves. Nous accompagnons tout au long de l’année des demandeurs d’asile et constatons régulièrement des refus du statut de réfugié pour des personnes qui relèvent pourtant clairement de ce statut.

La France n’accorde le statut de réfugié que dans 29% des cas, ce qui le place dans les derniers au niveau européen(source).

NON, refuser de venir en aide aux candidats à l’exil n’est pas une solution. La migration n’est pas une crise conjoncturelle, mais un phénomène durable et il est illusoire de penser le régler par une politique uniquement dissuasive. Aider le développement des pays de départ est une bonne chose, mais n’est qu’une solution à très long terme. Comment imaginer que la France ou même l’Europe ait les moyens politiques et financiers permettant de stabiliser le continent africain, quand elle refuse d’accueillir et financer dignement l’accueil de quelques dizaines de milliers de demandeurs d’asile ?

Nous tenons également à saluer le travail et le courage de ces marins qui par leur action sauvent un peu l’honneur de l’Europe.

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