Les 120 ans LDH

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La LDH est forte de 8 783 adhérents et 291 sections en 2017 avec une section de Quimper de 52 adhérents au 31/12/17.

Elle fête donc ses 120 ans et les 10 ans pour la renaissance de la section de Quimper. Ceci dit, la section de Quimper est plus ancienne qu’elle n’y parait.

La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) fut fondée le 4 juin 1898 par Ludovic TRARIEUX (1898-1903) pour défendre un innocent, le capitaine Dreyfus contre l’ETAT et notamment les préjugés, l’antisémitisme et les injustices du haut commandement de son armée.

Depuis cette date, elle est de tous les combats pour défendre:

  • La justice,
  • les libertés,
  • les droits civiques et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels,
  • dans sa période plus récente les droits environnementaux.

Depuis son origine, elle a pour genèse sa lutte contre le racisme, et l’antisémitisme.

Depuis 1898, elle a connu 18 Président.e.s, le plus ancien Ludovic TRARIEUX (1898-1903) et  Malik SALEMKOUR dernièrement, depuis les élections de 2017.

I- Un bref aperçu des combats de la LDH pendant ces 120 ans :

  • La période 1898-1900 : elle prend ses racines dans sa lutte contre le racisme et l’antisémitisme de l’époque. Son identité est d’abord « libérale » : protection de la liberté des individus contre la raison d’Etat, affirmation de l’égalité civile, promotion du rationalisme converti en un militantisme laïque.
  • Les années1900-1920 : elle s’engage en faveur de responsables syndicalistes et prend fait et cause pour la défense des droits économiques et sociaux, la justice sociale et les droits des travailleurs.
  • Au lendemain de la 1ereguerre mondiale : elle s’efforce de maintenir le dialogue pour préserver la Paix. De nombreux conflits apparaissent en son sein.
  • Pendant l’entre-deux guerres, elle est à l’initiative d’une vaste campagne pour la réhabilitation des soldats condamnés à tort par les conseils de guerre pendant le conflit.
  • Dans les années 30, elle combat la montée du fascisme et participe activement à la création du front populaire de 1936.
  • Pendant l’occupation et le régime dictatorial de Vichy : elle paie un lourd tribut dont elle aura du mal à se relever.
  • Dans l’après-guerre : elle se consacre aux problèmes liés à la décolonisation.
  • A partir de 1958, elle s’élève contre les pratiques de la Ve République en matière d’institutions et de libertés publiques, engage des combats pour la liberté de la contraception et de l’avortement, l’abolition de la peine de mort et les lois répressives dites « sécurité et liberté ».
  • Dans les années 80 et 90, le rejet des immigrés notamment en France est un souci constant de la Ligue.
  • Les années 2000 -2010, dans un contexte de crise économique et de chômage croissant, elle définit la « citoyenneté sociale » pour lutter contre les nouvelles formes de pauvreté, contre les licenciements abusifs, pour le droit au logement et aux soins.
  • Dans les années 2010, la LDH se consacre de manière prioritaire à la lutte contre les discriminations.
  • Depuis les années 2004/2018, la LDH est très préoccupée par les atteintes aux droits de l’Homme en Europe, à la liberté d’expression, les lois liberticides sous couvert de terrorisme et sans un réel contre-pouvoir, une dérive vers une société de la surveillance, les violences policières (Adama Traoré), la montée des idées portées par les extrêmes droites, la situation des immigrés, les délinquants solidaires,  la pauvreté grandissante, la santé (agir pour un accès universel à des soins de qualité), la bioéthique pour protéger les droits individuels  (l’accès à la PMA pour toutes les femmes). Elle est attentive aux problèmes soulevés par les progrès de la science et des nouvelles technologies notamment au regard des libertés individuelles et collectives qui sont en danger avec la promulgation de nombreuses lois liberticides. Les enjeux du numérique en lien avec la vie privée et les libertés posent de nombreuses questions.

II – Les 120 ans de LDH de Quimper :

Les origines de LDH section de Quimper. Un travail d’archives passionnant  fait par les bénévoles de l’association.

La Fondation

La section de Quimper apparaît dès le premier Bulletin officiel de la Ligue des Droits de l’Homme en 1901 mais nous trouvons dès 1900 un vœu de la section qui proteste contre l’instruction religieuse donnée dans les établissements de l’Etat.

Les premiers animateurs de la section sont des enseignants, instituteurs, professeurs de lycée, répétiteurs, professeurs de philosophie. On peut estimer que la défense de l’école laïque va être le souci principal de la section de Quimper, mais aussi émettra aussi rapidement des vœux à porté sociale par exemple en octobre 1901 : … les besoins des hommes sont les plus pressants au début de leur carrière, lorsqu’ils fondent une famille ou qu’ils viennent en aide à leurs ascendants ; pour ces motifs, la section émet le vœu que le gouvernement s’occupe de réduire progressivement les gros traitements scandaleux pour accroître d’autant les traitements infimes des débutants. »

Mais déjà la guerre approche. La section y perdra son président, également Maire de Quimper de 1912 à 1914, Henri Jacquelin tué au front en septembre 1918.

La section de Quimper n’a pas cessé ses activités durant la grande guerre. Elle se mobilisera des avril  1917 pour la création d’une société des nations qui garantisse au monde, après cette guerre, la stabilité de la paix.

L’après-guerre : le combat pour la réhabilitation de Seznec

A la fin de la guerre, la section s’engage dans le long combat de la réhabilitation des fusillés pour l’exemple en soutenant les victimes des Conseils de guerre.

La section de Quimper« proteste contre la manifestation cléricale de la Fête-Dieu, à laquelle des militaires en tenue ont pris part et demande l’application des lois sur les congrégations et les règlements militaires. »

Entre 1924 et jusqu’au début de la guerre, c’est l’affaire Seznec qui mobilisera les sections finistériennes sous l’impulsion de Marie-Françoise Bosser, fondatrice de la section de la Ligue des droits de l’Homme de Riec sur Belon – Pont-Aven. Auguste Damalix alors président de la fédération du Finistère, de la section de Quimper et membre du comité central de 1936 à 1950 sera lui aussi mobilisé. L’affaire sera ainsi portée lors de nombreux congrès de la Ligue des Droits de l’Homme.

Dans les années trente le spectre de la guerre plane et la section proteste en janvier 1930 « contre l’augmentation des crédits des budgets de la Guerre et de la Marine, et demandent l’affectation de ces crédits aux œuvres de Paix et d’amélioration sociale».

Entre 1939 et 1945, la section suspend ses travaux. Sur le point d’être arrêté par la police du gouvernement de Vichy, son président Auguste Damalix a dû fuir sa résidence et se cacher dans une ferme de mars à août 1944.

Les années 80 : une renaissance suite au projet d’installation d’une centrale nucléaire sur la commune de Plogoff

Le comité régional de la Ligue des Droits de l’Homme, réuni à Guingamp le 27 avril 1980, proteste, à l’occasion des événements survenus à Plogoff lors de manifestations opposées au projet d’installation d’une centrale nucléaire, contre les brutalités policières, le caractère antidémocratique de l’enquête d’utilité publique contre l’avis des municipalités.

Ces événements entraîneront la renaissance de la Ligue des Droits de l’Homme de Quimper à l’initiative de Me Riou, un des avocats des 6 interpellés de Plogoff. Cette période connaîtra trois président-es : Me Bernard Riou, Geneviève Garros et Alain Cacheux.

Lors de sa recréation en septembre 1980, la section adopte une résolution qui met en avant l’importance de « la défense des droits à l’identité, culturelle ou autre, celle-ci doit être assurée avec autant d’énergie , qu’il s’agisse des Français originaires des régions en cause ou des immigrés qui vivent en France, quel que soit leur statut. »

Les premiers thèmes abordés par la section tourneront naturellement autour des questions de justice. La section se concentrera sur des dates à forte valeur symbolique telle que la journée des droits des femmes et la convention des droits de l’enfant. Le bicentenaire de la Révolution Française sera un moment fort, l’occasion de réunir un collectif d’associations pour fêter la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen.

III – 2008 -2018 : Pourquoi célèbre-t-on les 10 ans de la section  LDH de Quimper ?

Après une longue période sans activité, la LDH de Quimper, grâce à l’initiative de la section de Concarneau -Quimperlé, a pu renaître de ses cendres en novembre 2008. Elle fut portée par les militants de l’époque notamment par Martine Chapin (juin-novembre 2008), puis Matthieu Stervinou, élu président à l’assemblée générale de la section LDH de Quimper en novembre 2018.

Depuis cette date 5 présidents se sont succédés : Matthieu Stervinou, Stéphane Lenoël, Stéphane Blondin, Dominique Brunel.

Ses premiers engagements :

  • la protection des données personnelles et des libertés individuelles contre plusieurs fichiers d’Etat : Base élève, Edvige…
  • elle mobilisera dès 2010 contre la vidéo-surveillance en interpellant les Maires de Cornouaille
  • depuis 2015, la section est engagée contre la mise en place d’un Etat d’exception : l’Etat d’urgence

Elle se préoccupe du sort des Sans-Papiers en menant des actions communes avec le collectif Droit d’asile. Elle s’intéresse aux droits civiques des étrangers avec l’organisation de votation citoyenne. Elle sera aussi présente localement sur l’accueil des gens du voyage et reste attentive aux questions de discrimination.

Elle n’oublie pas sa vocation de défense des personnes victimes d’injustice et d’arbitraire et organise des conférences sur l’Etat de la justice en France ou sur le sujet de la rétention à vie.

La section de Quimper initiera plusieurs collectifs regroupant des citoyens, partis politiques, associations et syndicats contre le racisme notamment. La section a appelé à plusieurs reprises à manifester pour la paix en Palestine. Le 11 janvier 2015 à Quimper, suite à l’attentat de Charlie Hebdo, 25000 personnes se sont rassemblées à l’appel de la section.

La section de Quimper est l’une des premières sections de France à s’emparer du sujet des « identitéS » avec des groupes de discussion, d’échange sur le vécu des trans, inter-sexe ou encore des sourds.

Quelle est l’utilité d’une section LDH à Quimper ? Pourquoi devient-on militante ou militant à la LDH ?

Des personnes, d’horizons divers, se reconnaissent dans le socle des valeurs portées par la LDH et veulent s’engager pour :

  • Contribuer à La défense des droits fondamentaux de l’Homme ici et maintenant: se loger, se nourrir, se vêtir, se soigner, s’éduquer, se former, accéder à la culture, aux sports, aux loisirs, au bien-être.

La Conférence des solidarités, la journée du 22 septembre contre les précarités « rendre visibles les invisibles » illustrent l’engagement de la section de Quimper avec la présentation de l’expérience « Territoire Zéro Chômeur » de Pipriac pour faire reculer la pauvreté.

  • Réagir contre les atteintes portées à la liberté individuelle et collective.

Les nombreuses alertes de la LDH sont connues contre le dispositif des « voisins vigilants » et l’efficacité toute relative des vidéo-surveillances pour un coût excessif. Ces actions traduisent cette longue habitude de la LDH à la défendre les libertés.

  • Mener un combat indéfectible pour le respect de la dignité de tous les êtres humains.

La Ldh dénonce inlassablement le non-respect des droits des migrants et les mauvaises conditions d’accueil qui leur sont faites parfois. Alerter les citoyens contre l’esclavage dans le monde et notamment en Libye fait partie des combats qu’elle mène.

  • Lutter contre toutes les formes de discrimination et les préjugés notamment vis-à-vis des populations les plus en difficulté ou vivant dans une grande précarité.

La permanence de la LDH à la MPT de Penhars, tous les mardis (10h-12h), est un lieu d’écoute, de conseils pour rechercher la meilleure des solutions possibles avec les personnes concernées.

  • Agir pour une société de la solidarité, de la coopération, de la bienveillance, du bien-être.

L’organisation de petits déjeuners de la solidarité est une initiative prise parmi tant d’autres pour dire que la solidarité existe et que c’est possible. Ce ne sont pas que des mots.

  • Promouvoir les idées de progrès, de justice sociale, d’égalité, d’émancipation.

Les conférences que nous organisons sur des thèmes sociétaux contribuent à la réalisation de  cet objectif (la Laïcité, l’immigration, le massacre de nombreux peuples dans le monde comme celui de Kurdes  en Irak, la situation en Catalogne..).

  • Faire grandir les idéaux portés par la devise de la République:

Liberté, Egalité, Fraternité dans une République laïque et sociale sont des valeurs portées par la LDH. A Quimper, elle intervient, elle participe à des débats organisés dans les écoles, auprès de toutes personnes ou institutions qui souhaitent aborder l’action de la Ldh et de ses valeurs que sont les droits de l’Homme, valeurs qui se sont construites au cours de ses nombreux combats avec pour fil conducteur l’accès au bonheur pour tous, sans exception, dans le respect et la dignité de chaque être humain.

 

Exposition « 120 ans de la LDH »

Jusqu’au 23 octobre, au Centre des Abeilles, 4 rue du Sergent de Flao – 29000 Quimper

 

Apéro-discussion : 120 ans de lutte pour les droits de l’Homme : Quel bilan ?

au Centre des Abeilles, 4 rue du Sergent de Flao – 29000 Quimper

 

 

Revue de presse : 120 ans de la LDH. Des militants évoquent leur engagement 

Denise Le Bars – Matthieu Stervinou

Dominique Brin – Tangi Louarn

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